La situation actuelle serait une bouffée d’air pour la planète. C’est vrai. Cela dit, loin d’être une démarche volontaire, ce n’est qu’une conséquence logique de ce système qui ne s’arrêtera pas avant d’avoir tout détruit. Lui y compris.
Volontaire ou non, ce changement est souhaitable ! Oui, mais… comme d’habitude, ce sont les personnes les plus précarisées, les moins responsables du désastre en cours, qui en subissent le plus les conséquences, pendant que les plus responsables sont à l’abri. Ce sont les pauvres dans les pays « du Sud » qui ne peuvent pas se confiner. Ce sont les femmes, victimes des violences conjugales en augmentation 1 https://lareleveetlapeste.fr/face-a-laugmentation-des-violences-conjugales-durant-le-confinement-la-demande-dun-plan-durgence-pour-proteger-les-victimes . Ce sont les petites productions paysannes, écrasées par les grandes surfaces et l’agriculture industrielle, qui assoient au passage encore un peu plus leur monopole 2https://lareleveetlapeste.fr/la-fermeture-des-marches-va-asphyxier-les-petits-paysans-au-profit-de-la-grande-distribution-et-lagriculture-industrielle. Enfin, c’est le calvaire du personnel soignant, déjà à bout de souffle avant la crise sanitaire.
Par ailleurs, le gouvernement utilise la stratégie du choc pour renforcer l’autoritarisme de l’État avec la surveillance numérique de masse 3https://www.ouest-france.fr/sante/virus/coronavirus/coronavirus-la-vie-privee-prochaine-victime-de-la-pandemie-6794645 4https://lareleveetlapeste.fr/coronavirus-la-dangereuse-banalisation-de-la-surveillance-de-masse, la multiplication des contrôles de police — particulièrement dans des quartiers ghettoïsés de banlieue où les violences policières explosent5https://www.20minutes.fr/societe/2749411-20200327-coronavirus-associations-denoncent-cas-controles-policiers-abusifs-violents — et l’utilisation de drones. Bref, le gouvernement renforce considérablement le contrôle de la société, et ce changement, lui, risque très probablement de s’ancrer dans le temps.
Car cette « bouffée d’air » risque fortement d’être temporaire. Les gouvernements et industriels voudront relancer l’économie mondiale à plein régime, quelles qu’en soient les conséquences pour la vie sur Terre. Après la crise de 2008 le répit n’a duré qu’un court moment avec le ralentissement de l’économie mondiale, c’est un effet rebond qui l’a suivie. Relancer pour enchainer sur une nouvelle crise. La crise de 2008 a créé son lot de précarisation et de pauvreté. La crise économique à venir risque d’avoir des conséquences encore plus violentes et globales.
On se permet déjà de déconstruire le Code du travail sous prétexte de la nécessité de « relancer l’économie »6https://www.france24.com/fr/20200326-coronavirus-comment-le-code-du-travail-a-%C3%A9t%C3%A9-d%C3%A9tricot%C3%A9-pour-relancer-l-%C3%A9conomie. Relancer, relancer toujours, relancer un système mortifère qui a créé des sociétés malsaines et menace de s’effondrer à tout moment.
Il y a d’autres solutions pour éviter le pire, pour préserver le vivant tout en permettant aux humains qui subissent la violence de ce système de s’en émanciper. Des alternatives émergent. Dans la production de nourriture avec un sol vivant, appliqué au jardinage ou au maraîchage, comme les jardins forêts7https://reporterre.net/Baies-feuilles-graines-Bienvenue-dans-la-Foret-gourmande-de-Fabrice-Desjours. Dans la construction en utilisant le bois, la terre et la paille 8https://mrmondialisation.org/manifeste-pour-construire-sans-les-multinationales. Mais aussi dans l’organisation sociale et économique avec la pensée autogestionnaire, expérimentée sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Les ZAD permettent de protéger des terres et d’y proposer un nouveau modèle.
Ces alternatives seules ne peuvent se développer sans une résistance face à la répression et la destruction. Le coronavirus est une bouffée d’air pour la planète, mais il faudra se battre pour gagner.